
Entre la pluie et le beau temps
Un vin est toujours intrinsèquement lié aux conditions climatiques de son millésime. Et ceux du Bordelais n’échappent pas à la règle. N’ayons pas peur des mots : 2024 a obligé de nombreux viticulteurs à jongler avec les priorités. Un hiver chaud aux averses incessantes, un printemps froid accompagné de grêle et des maladies inhérentes (mildiou, coulure, millerandage)… À première vue, rien qui vende du rêve. Mais pour 2024 comme pour les autres années : qui cherche trouve ! Un petit bilan climatologique de l’année écoulée ? Nous récapitulons les principaux éléments pour vous.
HIVER
Après la récolte 2023, Bordeaux connaît un hiver humide. Certains parlent même de l’hiver le plus humide depuis le début du millénaire. Il ne fait pas non plus froid, ce qui réveille les vignes plus tôt, voire les empêche d’hiberner. En raison, les bourgeons se forment très rapidement, mais un manque de soleil ralentit la photosynthèse.
PRINTEMPS
À l’arrivée du printemps, les ceps sont déjà très actifs. Malheureusement, une chute des températures mi-avril met en difficulté la floraison. C’est à nouveau confirmé : 2024 n’ira pas comme sur des roulettes. Les températures fraîches entraînent la chute de nombreuses fleurs (coulure) et une maturation inégale des grappes (millerandage). Parallèlement, l’humidité oblige les viticulteurs à être vigilants vis-à-vis des maladies fongiques, comme le mildiou. Et comme si cela ne suffisait pas, Saint-Estèphe, le nord du Médoc et Fronsac sont éprouvés par la grêle.
ÉTÉ
Juillet et août permettent aux vignerons bordelais de souffler : les conditions sont favorables à la maturation des raisins. Toutefois, des averses mettent fin à ce court été autour du 20 septembre, privant le vignoble d’un été indien fort attendu.
AUTOMNE
Le bon côté des choses ? Ces conditions sont idéales pour des régions comme Sauternes, où le botrytis nécessaire aux vins doux se développe bien. Les appellations produisant du blanc souffrent moins des écarts de température elles aussi. Mieux encore : les vins blancs nous mettent en joie. Cette année plus fraîche n’a peut-être pas fourni d’arômes exotiques, mais les bordeaux blancs ne manquent ni de fraîcheur ni de finesse. Les viticulteurs ont bien cerné le caractère de 2024 et limitent l’élevage sur bois.
Comme les vignerons belges, certains châteaux ont dû renoncer à la moitié de leur récolte. Toutefois, ce qui reste de cette récolte vaut le détour. Les viticulteurs qui ont retardé les vendanges jusqu’en octobre ont été récompensés pour leur audace et leur patience. En raison de leur pourcentage d’alcool relativement faible, de nombreux vins rouges sont très gouleyants. Les vins sont élégants, caractérisés par les fruits frais et les tanins doux. Beaucoup d’entre eux s’apprécieront déjà dans leur jeunesse.
Bref, une sélection rigoureuse est de mise, mais le consommateur avisé dénichera des bordeaux 2024 bons à très bons.